En matière de culture comme pour les fantasmes, on ne se découvre soi-même que lorsqu’on a appris ce qui nous fait bander. Quitte à former des clubs pour se sentir moins seul, d’aucuns l’ont bien compris. Pas très loin d’un ancien chez-moi se trouve une étrange boutique toujours fermée, au store intégralement noir, toujours baissé, arborant un logo pour le moins déconcertant qui représente une tourelle, la même que je trouvais enfant sur les ersatz de Petits Écoliers de Lu qu’achetaient mes parents. Je m’étais juré de tenter de frapper un jour, histoire de discerner, à travers la trappe coulissante de la porte, ce qui se cacherait en arrière plan derrière mon interlocuteur. Et accessoirement ruiner la part de mon enfance résumée dans un motif chocolaté. Quel rapport entre cette histoire et la critique d’aujourd’hui, me direz-vous ? Le côté sélectif, sans hésiter. Comme s’il fallait un toc-toc spécial pour pénétrer le monde de Texier, et tout ce qui s’y trouve dans la foulée.
On ne se connaît intimement, disais-je, que lorsque l’on réalise la portée de nos goûts. Aucune blague sur Hitler passionné par les arts classiques ne sera faite ici, mais comprenez simplement que si vous êtes un féru de films bollywoodiens de petite distribution orientés zoophilie, eh bien… ne le prenez pas mal, mais vous êtes de toute évidence un vrai taré. Pour ma part, je ne m’étais jamais posé la question du pourquoi de mes goûts jusqu’à ce que je rencontre Olivier Texier et son univers impitoyable. C’est ce jour-là que j’ai décidé, pour mon bien, de ne plus rien analyser de ce qui me concerne.
Texier en deux mots, c’est un gars qu’on a tous envie de connaître. Graphiste pour une mairie, les yeux probablement cramés par les écrans et une hypothétique haine cultivée pour ses commanditaires aux exigences absurdes, on pense qu’il a trouvé depuis de longues années un défouloir dans le dessin le plus débile et absurde possible, dans ce qu’on qualifierait de brouillons à peine retouchés. Au départ, on s’accordait à dire qu’il y avait une sorte de candeur dans son travail, comme par exemple dans Croisière Cosmos, toujours disponible chez Delcourt et que je vous recommande bien volontiers. Et puis, ça a vrillé. A vrai dire, je suis fan de ce qui est impubliable chez des mastodontes publics comme Delcourt. Du genre, Grotesk.
On ne se connaît intimement, disais-je, que lorsque l’on réalise la portée de nos goûts. Aucune blague sur Hitler passionné par les arts classiques ne sera faite ici, mais comprenez simplement que si vous êtes un féru de films bollywoodiens de petite distribution orientés zoophilie, eh bien… ne le prenez pas mal, mais vous êtes de toute évidence un vrai taré. Pour ma part, je ne m’étais jamais posé la question du pourquoi de mes goûts jusqu’à ce que je rencontre Olivier Texier et son univers impitoyable. C’est ce jour-là que j’ai décidé, pour mon bien, de ne plus rien analyser de ce qui me concerne.
Texier en deux mots, c’est un gars qu’on a tous envie de connaître. Graphiste pour une mairie, les yeux probablement cramés par les écrans et une hypothétique haine cultivée pour ses commanditaires aux exigences absurdes, on pense qu’il a trouvé depuis de longues années un défouloir dans le dessin le plus débile et absurde possible, dans ce qu’on qualifierait de brouillons à peine retouchés. Au départ, on s’accordait à dire qu’il y avait une sorte de candeur dans son travail, comme par exemple dans Croisière Cosmos, toujours disponible chez Delcourt et que je vous recommande bien volontiers. Et puis, ça a vrillé. A vrai dire, je suis fan de ce qui est impubliable chez des mastodontes publics comme Delcourt. Du genre, Grotesk.
Mais bordel, vas-tu enfin nous parler de Grotesk, sombre animateur de seconde zone ? Et comment ! Vous êtes amateur d’humour noir ? D’anti-morale ? D’absurdité paroxysmique ? Eh bien, c’est le genre de came dont on voudrait se bourrer le pif tous les jours de notre vie. Sous un format de strips de quatre cases, les gags horriblement glauques et poilants se succèdent en abordant des thématiques tout ce qu’il y a de plus varié : la SF, l’arrogance et la violence, la laideur et le handicap, le sexe – crade, le sexe – et pourquoi pas la géopolitique. Certes, on retrouve toujours un peu de candeur ou de simplicité dans les situations, un homme qui va acheter son pain, un type qui décide de se faire un jogging, autant de réactions simplistes face à des situations incroyables, et là-dessus se base tout le comique de Texier. Ça, et une bonne dose d'humour noir bien serré pour créer ses situations abracadabrantesques. Il est vraiment difficile de parler de recueils de strips courts sans en spoiler aucun. Je vais donc me contenter de dire que si, en soirée, vous avez l'habitude de rire à une blague bien salace, raciste misogyne et scatophile, vous pouvez y aller les yeux fermés.
Côté dessin, Texier nous gratifie d'un style que l'absence de couleur et le tremblotement épais du trait peuvent faire passer pour imprécis, voire carrément bâclé. Non, son dessin est crade, et c'est différent. Si Hergé avait dessiné des tas de tripes et des handicapés sévèrement difformes, ç'aurait été gentillet et pathétique (au premier sens du terme, j'entends), tout juste bon à enseigner respectivement en SVT et en Éducation Civique. Dans Grotesk, si vous voyez un gamin difforme, ou une "moche", ce sont vraiment des laideurs à retourner le bide, pas seulement le reflet de ce que nos yeux voient, mais aussi le regard difficile que l'on porte sur le handicap. Et puis un paquet de merde est un paquet de merde, ça n'est pas lisse, ça ne brille pas. C'est immonde, alors le dessin l'est aussi. Et c'est bien fait. C'est superbement crade, en quelque sorte.
Côté dessin, Texier nous gratifie d'un style que l'absence de couleur et le tremblotement épais du trait peuvent faire passer pour imprécis, voire carrément bâclé. Non, son dessin est crade, et c'est différent. Si Hergé avait dessiné des tas de tripes et des handicapés sévèrement difformes, ç'aurait été gentillet et pathétique (au premier sens du terme, j'entends), tout juste bon à enseigner respectivement en SVT et en Éducation Civique. Dans Grotesk, si vous voyez un gamin difforme, ou une "moche", ce sont vraiment des laideurs à retourner le bide, pas seulement le reflet de ce que nos yeux voient, mais aussi le regard difficile que l'on porte sur le handicap. Et puis un paquet de merde est un paquet de merde, ça n'est pas lisse, ça ne brille pas. C'est immonde, alors le dessin l'est aussi. Et c'est bien fait. C'est superbement crade, en quelque sorte.
Pour que ça soit plus parlant, je vous encourage vivement à faire un tour sur son blog, Mal Faits, où il poste des planches de Grotesk assez régulièrement. Vous pourrez vous en faire une bonne idée en quelques secondes. Et si d'aventures vous accrochez, je vous recommande plus que chaudement sa série Texas, chez L’Épicerie Fine, où il s'affranchit du format quatre cases pour gonfler un peu plus ses histoires absurdes. Parfait si vous voulez découvrir la face aventureuse du Général de Gaulle; ou l'histoire vraie poignante de la vie d'un petit pois.
Et puis merde, je vous recommande tout Texier, son délirant Marv et Jonny, dans le même univers absurde que Grotesk, je vous recommande à tout prix l'excellent Cons-sidérations, dont vous pouvez trouver des exemples sur Google Images, je vous recommande ses collaborations pour Franky et Nicole, tout ce que vous pourrez avoir de lui. Si vous aimez l'univers de Texier, vous l'aimerez dans son intégralité. Après tout, comme on dit dans le club de fist à côté de mon ancien chez-moi, c'est d'y entrer qui est le plus dur. Le reste passe tout seul...
Grotesk II, Olivier Texier. Éditions Même Pas Mal, mars 2015. 80p. 13,50€
Sur le site de l'éditeur
Et puis merde, je vous recommande tout Texier, son délirant Marv et Jonny, dans le même univers absurde que Grotesk, je vous recommande à tout prix l'excellent Cons-sidérations, dont vous pouvez trouver des exemples sur Google Images, je vous recommande ses collaborations pour Franky et Nicole, tout ce que vous pourrez avoir de lui. Si vous aimez l'univers de Texier, vous l'aimerez dans son intégralité. Après tout, comme on dit dans le club de fist à côté de mon ancien chez-moi, c'est d'y entrer qui est le plus dur. Le reste passe tout seul...
Grotesk II, Olivier Texier. Éditions Même Pas Mal, mars 2015. 80p. 13,50€
Sur le site de l'éditeur