Que ce soit bien clair. Oui, que ce soit plus clair, parce que vous allez sans doute être trompés par le marketing diablement efficace de la maison d’édition appuyant sur le Eisner qu’elle a reçue, les éloges du New York Times, ou encore la série télévisée à venir, produite après le succès phénoménal aux États-Unis. Soit. Mais aux États-Unis, ils aiment aussi manger de la merde et tirer sur des enfants.
J’ai commencé Sex Criminals avec une appréhension certaine et, je l’avoue, un a priori prononcé car j’ai tendance à me méfier de tout ce qui parle de sexe. Assez rapidement, le sexe devient un instrument commercial à lui tout seul, peu importe l’histoire qui l’accompagne. Vous regardez un porno pour le scénario, vous ? Eh bien les cent millions de lectrices de Cinquante Nuances de Grey n’ont surement pas acheté le livre pour connaitre la couleur de la voiture de Christian Grey, elles non plus. Le sexe cartonne sans qu’on ait besoin de le rendre véridique ou de bonne qualité. On en revient donc à mon appréhension précédemment citée lorsque j’ouvre Sex Criminals et tombe sur ce que j’appelle « la case-gag », un concept personnel qui désigne la case ridicule sur laquelle je tombe toujours en feuilletant une bande dessinée. Oui, c’est bien une femme allongée sur un homme nu et qui touche son engin luminescent (oui, oui, luminescent) et lui demande ce que ça fait, niveau sensations. « Ben, comme une bite, quoi », répond le héros, fort-à-propos.
J’ai commencé Sex Criminals avec une appréhension certaine et, je l’avoue, un a priori prononcé car j’ai tendance à me méfier de tout ce qui parle de sexe. Assez rapidement, le sexe devient un instrument commercial à lui tout seul, peu importe l’histoire qui l’accompagne. Vous regardez un porno pour le scénario, vous ? Eh bien les cent millions de lectrices de Cinquante Nuances de Grey n’ont surement pas acheté le livre pour connaitre la couleur de la voiture de Christian Grey, elles non plus. Le sexe cartonne sans qu’on ait besoin de le rendre véridique ou de bonne qualité. On en revient donc à mon appréhension précédemment citée lorsque j’ouvre Sex Criminals et tombe sur ce que j’appelle « la case-gag », un concept personnel qui désigne la case ridicule sur laquelle je tombe toujours en feuilletant une bande dessinée. Oui, c’est bien une femme allongée sur un homme nu et qui touche son engin luminescent (oui, oui, luminescent) et lui demande ce que ça fait, niveau sensations. « Ben, comme une bite, quoi », répond le héros, fort-à-propos.
Reprenons dans l’ordre. Sex Criminals est l’histoire touchante de Suzie, qui découvrit jeune fille en se masturbant dans son bain, que ses orgasmes arrêtent le temps, comme en témoignent ces… entrelacs de couleurs dégueulasses réalisés à la tablette graphique... qui recouvrent toutes les cases qui suivent ses cris de jouissance. Evidemment, Suzie découvre la sexualité des autres en parallèle et comprend qu’elle est la seule à qui ça arrive. Jusqu’au jour où elle couche avec Jon et qu’ils se retrouvent tous les deux dans le nuage de couleurs dégueulasses. Eh oui, Jon a le même pouvoir, lui aussi ! Alors que Suzie s’en servait pour s’exiler du monde et flotter dans un calme salvateur, Jon enfant stoppait le temps pour aller visiter le Cumworld, un sex-shop qui a ouvert un champ de possibilités infinies pour lui. Jusque là, ça passe encore. On assiste à ce qui a l’air d’être une histoire d’amour lubrique, et on parvient tant bien que mal à supporter le procédé de narration qui tape un peu sur les nerfs, celui où Suzie nous raconte sa propre vie en commentant les scènes de son passé au sein même de ces scènes. « Regardez, mes amis ! Là, c’est moi en train de me masturber sous le jet d’eau ! ». Irritant, mais ça passe.
Quand deux personnages capables de figer le temps en se masturbant (décidément, je ne m’y ferai jamais) viennent à se rencontrer, que peuvent-ils bien décider de faire ? Stopper le temps, c’est marrant quand on est seul pour bouger des choses, déshabiller des gens ou éviter d’être en retard, mais à deux, c’est forcément moins fun. Alors, Suzie et Jon vont pimenter un peu tout ça en se servant de leur pouvoir pour cambrioler des banques et utiliser l’argent pour créer des bibliothèques. Normalement, vous êtes encore d’accord jusque là. Ok, on passe sur le fait que Suzie atteint l’orgasme absolument à chaque fois avec Jon (décidément, il en a de la ressource, le grand binoclard). Après tout, ce n’est pas le but de lire une BD réaliste ici. On va aussi passer le côté « Robin des bois baise Marianne dans les toilettes de la banque avant de rafler le coffre », qui n’a pas besoin de commentaire. Pourquoi pas. La seule chose gênante reste cette scène où Suzie chante Fat Bottomed Girls de Queen sur une longueur de quatre planches, quatre planches aux bulles censurées du début à la fin par des post-its déblatérant des conneries à propos de la non-obtention de droits de reproduction des paroles. Le foutage de gueule commence à devenir insupportable, mais soit, passons. Sans doute un humour que tout le monde ne peut pas comprendre ? Quand tout à coup. Sans que vous n’auriez jamais, JAMAIS, voulu la voir venir, surgit une entité pour le moins déconcertante. La Police du Sexe ! Suzie et Jon ne sont pas les seuls à avoir ce pouvoir, mais il est interdit de l’utiliser de la sorte. Ils vont donc être poursuivis par des agents en costumes blancs qui matraquent les criminels à coup de godemichés et tasent les rebelles à coup de Fleshlights électriques (ingénieux).
Quand deux personnages capables de figer le temps en se masturbant (décidément, je ne m’y ferai jamais) viennent à se rencontrer, que peuvent-ils bien décider de faire ? Stopper le temps, c’est marrant quand on est seul pour bouger des choses, déshabiller des gens ou éviter d’être en retard, mais à deux, c’est forcément moins fun. Alors, Suzie et Jon vont pimenter un peu tout ça en se servant de leur pouvoir pour cambrioler des banques et utiliser l’argent pour créer des bibliothèques. Normalement, vous êtes encore d’accord jusque là. Ok, on passe sur le fait que Suzie atteint l’orgasme absolument à chaque fois avec Jon (décidément, il en a de la ressource, le grand binoclard). Après tout, ce n’est pas le but de lire une BD réaliste ici. On va aussi passer le côté « Robin des bois baise Marianne dans les toilettes de la banque avant de rafler le coffre », qui n’a pas besoin de commentaire. Pourquoi pas. La seule chose gênante reste cette scène où Suzie chante Fat Bottomed Girls de Queen sur une longueur de quatre planches, quatre planches aux bulles censurées du début à la fin par des post-its déblatérant des conneries à propos de la non-obtention de droits de reproduction des paroles. Le foutage de gueule commence à devenir insupportable, mais soit, passons. Sans doute un humour que tout le monde ne peut pas comprendre ? Quand tout à coup. Sans que vous n’auriez jamais, JAMAIS, voulu la voir venir, surgit une entité pour le moins déconcertante. La Police du Sexe ! Suzie et Jon ne sont pas les seuls à avoir ce pouvoir, mais il est interdit de l’utiliser de la sorte. Ils vont donc être poursuivis par des agents en costumes blancs qui matraquent les criminels à coup de godemichés et tasent les rebelles à coup de Fleshlights électriques (ingénieux).
Que vient-il de se passer ? Eh bien tout simplement la démonstration même que ce que vous lisez depuis le début est soit une idée de base intéressante malheureusement très mal traitée, autant à cause du scénario qu’à cause du dessin qui ne casse pas des briques – et ces couleurs, bon Dieu, ces couleurs ! – soit simplement un festival de mauvais goût que vous avez eu le courage de lire jusqu’ici. Je n’ai jamais abandonné la lecture d’une bande dessinée avant de l’avoir finie, vraiment. Mais quand on en arrive au point de rencontrer une agente de la Police du Sexe qui… Tenez, petit jeu : comment font les agentes de la police du sexe pour arrêter le temps ? Elles travaillent en duo et couchent à toute vitesse ? Elles utilisent leur gode/arme de service ? Eeeeh non ! Elles sont formées aux exercices périnéaux !
Bordel.
Encore une fois, le sexe est capable de tout. Y compris faire voter un jury probablement frustré pour récompenser Sex Criminals comme meilleure nouvelle série. Cet exemple pourrait illustrer mon aversion pour l’institutionnalisation viciée en général, mais l’explication est peut-être ailleurs. Les Eisner décernent chaque année des multitudes de prix dans les multitudes de catégories. Et si les quelques séries ou le petit nombre de one-shots spectaculaires, et pouvant être récompensés, partageaient le podium avec le reste-poubelle des publications à cause du trop grand nombre de prix ? En France, les prix influents ne comportent pas autant de catégories. Peu de distinctions accroissent la rareté et le mérite. Sex Criminals est peut être l’heureuse victime d’un manque de concurrence. Ou ça ne peut être aussi que mon avis, essayant de chercher des raisons à ce prix. Je me suis même demandé si ce n’était pas parodique, ou fait exprès mais le ton général, bien trop sérieux pour faire porter des tasers en forme de Fleshlights à des méchants, indiquerait que non. Soyez vos seuls juges et prenez-moi pour quelqu’un d’arrogant et de mauvaise foi si elle vous plait. Pour ma part j’assume, j’ai perdu trop de temps en lisant cette série.
Sex Criminals Tome 1 : Un coup tordu, Matt Fraction & Chip Zdarsky. Glénat, avril 2015. 144 p. 19,95 €
Sur le site de l'éditeur
Bordel.
Encore une fois, le sexe est capable de tout. Y compris faire voter un jury probablement frustré pour récompenser Sex Criminals comme meilleure nouvelle série. Cet exemple pourrait illustrer mon aversion pour l’institutionnalisation viciée en général, mais l’explication est peut-être ailleurs. Les Eisner décernent chaque année des multitudes de prix dans les multitudes de catégories. Et si les quelques séries ou le petit nombre de one-shots spectaculaires, et pouvant être récompensés, partageaient le podium avec le reste-poubelle des publications à cause du trop grand nombre de prix ? En France, les prix influents ne comportent pas autant de catégories. Peu de distinctions accroissent la rareté et le mérite. Sex Criminals est peut être l’heureuse victime d’un manque de concurrence. Ou ça ne peut être aussi que mon avis, essayant de chercher des raisons à ce prix. Je me suis même demandé si ce n’était pas parodique, ou fait exprès mais le ton général, bien trop sérieux pour faire porter des tasers en forme de Fleshlights à des méchants, indiquerait que non. Soyez vos seuls juges et prenez-moi pour quelqu’un d’arrogant et de mauvaise foi si elle vous plait. Pour ma part j’assume, j’ai perdu trop de temps en lisant cette série.
Sex Criminals Tome 1 : Un coup tordu, Matt Fraction & Chip Zdarsky. Glénat, avril 2015. 144 p. 19,95 €
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