Depuis deux jours, la plupart d’entre vous aura remarqué qu’on vit une période des plus fastes qu’on ait jamais connues. Pour peu qu’on considère l’océan de mèmes comme un accomplissement de l’espèce humaine, bien sûr. Les autres, ceux qui sont plus sceptiques à ce sujet, ont juste pris dans la tronche une misérable claque visuelle à base de gifs et de mèches décolorées. Ben, c’est comme ça. Peut être que Dédé le philosophe de comptoir a raison : face à la perte progressive d’identité que nous offre le virtuel, il y a le Japon dont la population décline parce que les jeunes hommes ne bandent plus que pour des mangas, et il y a les citoyens lambdas qui ne se sentent vivants qu’en trouvant des boucs émissaires communs, en les lynchant et en élisant un président qui légitimera voire encouragera leurs débordements. C’est le monde moderne, comme dit Dédé. Et ça devrait encore moins nous surprendre de la part des États-Unis. Prenons un exemple. Prenons le condensé de l’Histoire politique et sociale des USA par Joe Sacco, Bumf, qui résonne un peu bizarrement aujourd’hui.
Premièrement, qu’est-ce que Bumf ? Bumf est un recueil d’histoires satiriques de Joe Sacco, reprenant sa plume de caricaturiste qu’on lui connaissait avant ses excellentes BD-reportages sur la Palestine. Ici, il réalise en toute modestie un résumé de cinquante ans d’Histoire américaine depuis la Première Guerre mondiale jusqu’à Obama, abordant la politique, le social et même la religion. Pour nous guider à travers tout ce merdier, on suit Richard Nixon totalement désorienté après s’être réincarné en Barack Obama et qui sera rapidement guidé par une espèce de dinde cynique membre d’une société secrète omnisciente. Il va rapidement se remettre en main tous les gadgets du pouvoirs comme le nucléaire avec lequel il jouera comme à jeu vidéo avant d’aller dormir, les outils de la CIA pour espionner les "citoyens-suspects", la bureaucratie et les éliminations secrètes. Une lourde tâche, la présidence, mais il s’y fait très vite. Et il adore ça.
Premièrement, qu’est-ce que Bumf ? Bumf est un recueil d’histoires satiriques de Joe Sacco, reprenant sa plume de caricaturiste qu’on lui connaissait avant ses excellentes BD-reportages sur la Palestine. Ici, il réalise en toute modestie un résumé de cinquante ans d’Histoire américaine depuis la Première Guerre mondiale jusqu’à Obama, abordant la politique, le social et même la religion. Pour nous guider à travers tout ce merdier, on suit Richard Nixon totalement désorienté après s’être réincarné en Barack Obama et qui sera rapidement guidé par une espèce de dinde cynique membre d’une société secrète omnisciente. Il va rapidement se remettre en main tous les gadgets du pouvoirs comme le nucléaire avec lequel il jouera comme à jeu vidéo avant d’aller dormir, les outils de la CIA pour espionner les "citoyens-suspects", la bureaucratie et les éliminations secrètes. Une lourde tâche, la présidence, mais il s’y fait très vite. Et il adore ça.
Ne vous attendez pas cependant à une histoire qui a une queue et une tête. L’absurde est ce qui va rendre possible le maximum de critiques en un minimum de planches. Tout se passe entre les lignes, la meilleure arme de Sacco, à l’image de ses personnages qui citent la bible à tout bout de champ pour justifier de nouvelles lois ou de nouveaux points de la constitution. Comme ça, il tapera plus impunément sur tout ce qui lui passe par la tête. Une petite liste ? D’accord, mais rapide. Les écoutes de la NSA, la CIA, la torture, les mensonges, les faux discours, l’armement et les guerres, la négation de l’humain, l’économie, les arrestations abusives, le chantage et le massacre de réputation, l’immigration, la mainmise des organisations et des studios sur les œuvres de création. L’impunité. Et l’argent.
Tout ça dilué dans une suite d’évènements qui, avouons-le, nous fait franchement marrer malgré ce qui s’y cache. L’humour noir, encore et toujours. Sacco fait preuve d’un talent inouï pour mêler le grave et le désopilant dans un rythme parfait. Le rire, la claque, le malaise puis le rire de nouveau. Comment ne pas rire à sa parodie de cette scène culte de l’imaginaire américain puritain : le retour du soldat chez ses parents ? Et à tout le reste, d’ailleurs. L’impertinente cruauté de ce recueil est d’une drôlerie sans nom.
C’est pourquoi vous vous devez de le lire, et pas seulement parce que son écho dédramatisera – ou pas – l’actualité. Plutôt parce que c’est toujours intéressant d’avoir l’avis d’un américain sur la politique de son pays, en particulier quand il ne prend pas de gants. Après, je n’exclus pas totalement le fait que le lire ou le relire maintenant n’exacerbe pas le plaisir. On peut même avoir hâte au tome 2 maintenant que le choucrouté misogyne est passé. Please, Joe, hurry up !
Bumf T1, Joe Sacco. Futuropolis, mars 2015. 120 p, 19 €.
Sur le site de l’éditeur
C’est pourquoi vous vous devez de le lire, et pas seulement parce que son écho dédramatisera – ou pas – l’actualité. Plutôt parce que c’est toujours intéressant d’avoir l’avis d’un américain sur la politique de son pays, en particulier quand il ne prend pas de gants. Après, je n’exclus pas totalement le fait que le lire ou le relire maintenant n’exacerbe pas le plaisir. On peut même avoir hâte au tome 2 maintenant que le choucrouté misogyne est passé. Please, Joe, hurry up !
Bumf T1, Joe Sacco. Futuropolis, mars 2015. 120 p, 19 €.
Sur le site de l’éditeur