Le monde est plein de choses bizarres. C’est sans doute pour ça qu’on dit qu’il est si bien fait. On y trouve de tout, des chèvres qui grimpent dans des arbres, du fromage en tube, même une œuvre d’art vivante et un record du plus grand nombre d’escargots sur le visage. On trouve de tout, et c’est tant mieux. En un sens, certaines personnes à l’origine de bizarreries sont inspirantes, des modèles de tolérance pour tout un chacun. Des gens qui nous rappellent que notre société s’est crée sur un mélange inouï de différences et de talents, de handicaps, parfois, qui font ce que nous sommes. Une communauté. Et puis déboule David Snug, chômeur et chanteur/guitariste de punk acoustique pour Trotski Nautique, groupe au répertoire incongru à l’origine de chansons aux titres évocateurs : « Bernard le canard », « L’esprit du vélo » ou encore « La vie est bien plus belle quand on est drogué ». Une bizarrerie de plus dans un monde qui en comprenait déjà beaucoup. Sauf que David Snug, lui, n’aime presque personne. Ça pourrait ne regarder que lui, mais il est aussi bédéiste indé et il en profite pour le hurler à tous. Un genre de fuck la diversité. Un type qui mérite notre respect.
Aujourd’hui, on va donc parler de La vie est trop Kurt, dernier-né de cet artiste étrange et éclectique qu’est Snug. En une succession de chapitres, il se met en scène pour parler d’une foultitude de sujets différents. Surtout pour évoquer son chômage et son emménagement dans la Goutte-d’Or, mais il est capable de parler plus largement de la culture, de l’industrie de la musique actuelle, du milieu de la BD, du végétalisme, du métro parisien et d’Adolf Hitler. La petite spécificité de David Snug, comme je le disais, c’est qu’il déteste tout le monde. A part les « PD ». Jean Gabin et Lemmy Kilmister, « c’est pas des PD » alors il les aime pas, mais Kurt Cobain et Spiderman, oui. Sinon, personne. Et plus on le laisse parler, et plus il nous le fait savoir.
Aujourd’hui, on va donc parler de La vie est trop Kurt, dernier-né de cet artiste étrange et éclectique qu’est Snug. En une succession de chapitres, il se met en scène pour parler d’une foultitude de sujets différents. Surtout pour évoquer son chômage et son emménagement dans la Goutte-d’Or, mais il est capable de parler plus largement de la culture, de l’industrie de la musique actuelle, du milieu de la BD, du végétalisme, du métro parisien et d’Adolf Hitler. La petite spécificité de David Snug, comme je le disais, c’est qu’il déteste tout le monde. A part les « PD ». Jean Gabin et Lemmy Kilmister, « c’est pas des PD » alors il les aime pas, mais Kurt Cobain et Spiderman, oui. Sinon, personne. Et plus on le laisse parler, et plus il nous le fait savoir.
David Snug, il est drôle. Déjà parce qu’à force de s’énerver contre n’importe quoi, de penser que faire un album jeunesse c’est faire de l’argent facile en dessinant deux lapins et un éléphant, de se moquer des jeunes qui ont eu des rêves de tournées mondiales et finissent fonctionnaires, ou encore de dire que les gens qui boivent de l’alcool, c’est des cons, eh bien on finit par le voir comme un petit truc qui s’énerve. Un genre de caniche barbu à bonnet qui gueule quand il voit passer cet abruti de facteur. Sauf qu’il est le premier à se moquer de lui, en fait. Le bobo qu’il déteste, il en est. Donc, c’est un punk bobo. Bizarre. Ouais mais il hurle contre les organisations et la publicité, c’est un anti-système, donc un punk. Peut-être, mais il ne fait rien et boude juste dans son coin. David Snug, c’est ça : un bonhomme en colère rempli de contradictions et d’autodérision. Tout ce qu’il faut pour être amusant.
Et puis, on ne se lasse pas de ses conseils. Il est déjà drôle en lui-même, mais lorsqu’il nous livre son manuel de survie du chômeur, entre les différentes aides et la piscine gratuite pour se laver, ça devient encore plus intéressant. Ou plutôt, ça commence à le devenir. Ce qui l’est véritablement, c’est quand il nous offre sa vision des mondes dans lesquels il évolue : musique, BD, Paris fauché. Il faut faire le tri dans ses coups de gueule vains, mais l’analyse est quand même sacrément fine. En particulier dans le diptyque « Fonctionnaire de la musique » et « Prolétaire de la musique », dans lequel il décortique les parcours différents mais étrangement parallèles de deux jeunes fans de Rock qui vont monter un groupe, et choisir de démarrer soit dans une SMAC, soit dans un squat autogéré. C’est instructif, déprimant, drôle, tout ça à la fois et surtout sacrément méchant. Et de façon complètement gratuite, de surcroît. Tout ce qu’on adore.
Et puis, on ne se lasse pas de ses conseils. Il est déjà drôle en lui-même, mais lorsqu’il nous livre son manuel de survie du chômeur, entre les différentes aides et la piscine gratuite pour se laver, ça devient encore plus intéressant. Ou plutôt, ça commence à le devenir. Ce qui l’est véritablement, c’est quand il nous offre sa vision des mondes dans lesquels il évolue : musique, BD, Paris fauché. Il faut faire le tri dans ses coups de gueule vains, mais l’analyse est quand même sacrément fine. En particulier dans le diptyque « Fonctionnaire de la musique » et « Prolétaire de la musique », dans lequel il décortique les parcours différents mais étrangement parallèles de deux jeunes fans de Rock qui vont monter un groupe, et choisir de démarrer soit dans une SMAC, soit dans un squat autogéré. C’est instructif, déprimant, drôle, tout ça à la fois et surtout sacrément méchant. Et de façon complètement gratuite, de surcroît. Tout ce qu’on adore.
Sans compter que David Snug est quand même un dessinateur hors pair et plutôt à part, au trait à la fois dégueu et mignon. Ou plutôt d'un lisse assez râpeux. Enfin, vous verrez. Et si d'aventure vous ne vouliez pas vous lancer dans un album basé sur du grief gratuit, je vous recommande sans plus tarder Lionel J. et les PD du cul chez Marwanny, un album magique mettant en scène un Lionel Jospin avide de retour sur la scène médiatique et qui deviendra le M.C. d'un groupe de rap local, "les PD du cul", pour retrouver sa notoriété. C'est délicieux, et ça donne une assez bonne idée de l'univers de bonhomme tout en restant une fiction. Et c'est Lionel Jospin, quoi. Un de ces jours, je vais sûrement avoir envie de vous faire une spéciale "Lionel Jospin et la BD" si le cœur vous en dit. J'ai remarqué ce curieux personnage récurrent dans la BD indépendante.
La vie est trop Kurt, David Snug. Même pas mal, avril 2016. 64p, 14 €.
Sur le site de l’éditeur
La vie est trop Kurt, David Snug. Même pas mal, avril 2016. 64p, 14 €.
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