Un chauve debout sur un toit. Mouais, pas de quoi casser trois pattes à un canard, me disais-je il y a plus d'un an, passant et repassant devant son sourire lubrique plusieurs fois par jour. Autant de fois où je me disais que, même si le personnage avait de la gueule, cette compo ne cassait décidément pas trois pattes à un canard. J'ai laissé passer, sans trop me soucier de ce que c'était, sans regarder qui en étaient les auteurs, sans l'ouvrir, sans jeter un œil au résumé. J'avais d'autres choses à lire, et puis dans le comics, il y a toujours du bon et du franchement con. Horreur, erreur. Mais, Spider m'en est témoin, j'ai absous cet immense pêché quelques mois plus tard. Bon, pas très compliqué, en même temps.
Mais d'abord, un peu de contexte. Warren Ellis, tout le monde le connaît, et si tout le monde ne le connait pas, eh bien il faut ! Des noms pour vous convaincre ? Disons seulement que si une boîte aussi énorme, attrayante et exigeante que Marvel laisse quelqu'un s'occuper de Wolverine, Storm, Iron Man, Thor et j'en passe, c'est qu'ils ont un minimum de confiance. Pour l'anecdote, Warren Ellis a aussi réalisé un petit polar déjanté bien sympa appelé Artères souterraines, basé sur la recherche de l'édition originale de la constitution des USA annotée à l'encre alien. Et Darick Robertson dans tout ça ? Idem, Marvel, The Boys, Punisher, Spiderman, etc, etc, vous avez compris. Et bien sûr, quand un scénariste génial commence à travailler avec un dessinateur génial, il ne faut pas plus de temps pour qu'émerge l'un des meilleurs comics undergrounds depuis des générations.
Mais d'abord, un peu de contexte. Warren Ellis, tout le monde le connaît, et si tout le monde ne le connait pas, eh bien il faut ! Des noms pour vous convaincre ? Disons seulement que si une boîte aussi énorme, attrayante et exigeante que Marvel laisse quelqu'un s'occuper de Wolverine, Storm, Iron Man, Thor et j'en passe, c'est qu'ils ont un minimum de confiance. Pour l'anecdote, Warren Ellis a aussi réalisé un petit polar déjanté bien sympa appelé Artères souterraines, basé sur la recherche de l'édition originale de la constitution des USA annotée à l'encre alien. Et Darick Robertson dans tout ça ? Idem, Marvel, The Boys, Punisher, Spiderman, etc, etc, vous avez compris. Et bien sûr, quand un scénariste génial commence à travailler avec un dessinateur génial, il ne faut pas plus de temps pour qu'émerge l'un des meilleurs comics undergrounds depuis des générations.
Transmetropolitan, c'est de la science-fiction d'anticipation, du thriller politique, mais c'est surtout un personnage, un seul : Spider Jerusalem. Ex-journaliste, Spider s'est exilé depuis cinq ans à La Montagne et ça lui fait du bien. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il hait la race humaine. S'éloigner de La Ville le rendait moins cynique et plus calme (ou presque), mais voilà qu'il doit revenir pour honorer un contrat de deux livres qu'il n'a jamais écrit, après avoir dépensé son avance en armes et en drogues. Dès son premier contact avec La Ville, Spider Jerusalem redevient le toxicomane asocial qu'il était et retrouve ses nombreux autres démons là où il les avait laissés, tout comme sa quête de la vérité à tout prix, quitte à remuer le plus gros tas de bouse qu'il accumulera au fil de ses pérégrinations journalistiques.
Avec Spider Jerusalem, c'est bien plus qu'une icône du journalisme gonzo qui est née, c'est un nouveau concept d'anti-héros qui, bien qu'on soit jaloux de tous les gadgets que lui offrent son époque (quelle brebis égarée ne rêverait pas d'avoir sa paire de Air Jesus ?), n'est rien de plus qu'un homme malade et révolté comme chacun peut l'être, et met à profit cette haine pour ouvrir les yeux au monde. Spider est la quintessence de l'homme qui sature et qui explose, ce dont plus personne n'est capable aujourd'hui, et c'est ça qui fait rêver. On s'identifie facilement, on le comprend, on s'est tous déjà imaginés hurler dans la rue que tous les gens sont cons. Oui, mais lui argumente parce qu'il s'implique et s'infiltre, qu'il se mouille jusqu'à en devenir violent, tabasser, s'exhiber à un Festival des religions, provoquer des descentes d'organes grâce à son "agitateur d'intestins". Sans compter qu'il n'a absolument aucun filtre. Pas sa faute, mais absolument désopilant à chaque fois qu'il entre en scène. Il ne faut pas se voiler la face, Spider Jerusalem est badass parce qu'il est complètement fou, et qu'on veut être aussi fou que lui.
Avec Spider Jerusalem, c'est bien plus qu'une icône du journalisme gonzo qui est née, c'est un nouveau concept d'anti-héros qui, bien qu'on soit jaloux de tous les gadgets que lui offrent son époque (quelle brebis égarée ne rêverait pas d'avoir sa paire de Air Jesus ?), n'est rien de plus qu'un homme malade et révolté comme chacun peut l'être, et met à profit cette haine pour ouvrir les yeux au monde. Spider est la quintessence de l'homme qui sature et qui explose, ce dont plus personne n'est capable aujourd'hui, et c'est ça qui fait rêver. On s'identifie facilement, on le comprend, on s'est tous déjà imaginés hurler dans la rue que tous les gens sont cons. Oui, mais lui argumente parce qu'il s'implique et s'infiltre, qu'il se mouille jusqu'à en devenir violent, tabasser, s'exhiber à un Festival des religions, provoquer des descentes d'organes grâce à son "agitateur d'intestins". Sans compter qu'il n'a absolument aucun filtre. Pas sa faute, mais absolument désopilant à chaque fois qu'il entre en scène. Il ne faut pas se voiler la face, Spider Jerusalem est badass parce qu'il est complètement fou, et qu'on veut être aussi fou que lui.
Il faut néanmoins aller au-delà du personnage. Le scénario, d'abord. Quand on parvient à être littéralement happé par un épisode consacré exclusivement à Spider affalé sur son fauteuil et zappant toutes les trois secondes, c'est forcément qu'il y a une anguille dans le placard. Et ne parlons même pas du véritable fil rouge lié à la politique, à la société, aux dérives de la technologie, de l'oppression de quiconque devient inutile pour la majorité dominante. L'horreur de l'humain en général, délicieusement mise à jour. L'essentiel à retenir est qu'il y a toujours dans les aventures de notre reporter camé un vrai fond à critiquer. Si la réflexion est parfois trop évidente pour être appréciée à sa juste valeur, elle a le mérite d'être claire et à la portée de tous, le message passe, on est d'accord. Quant au – superbe – dessin, sans aller jusqu’à dire qu’il révolutionne les codes des comics américains, il sert admirablement l'action, aussi bien dynamique que schizophrénique, dans une profusion de couleurs que renvoie ce monde futuriste, aseptisé dans la démonstration de ses puissants, salement underground la plupart du temps.
Ce comic book est une leçon à bien des niveaux. En ce qui me concerne, j'ai d'abord appris avec Transmetropolitan à ne jamais rater une occasion de fourrer mon nez dans une nouveauté BD, au risque de laisser passer une nouvelle occasion de m'extasier pendant des heures. Comme ma vie aurait été moins drôle sans Spider Jerusalem ! On apprend aussi à se méfier de tout et de tout le monde, tout ce qui nous entoure, vérolé par tant d'avarice et de méchanceté gratuite, d'individualisme et de connerie humaine. Et puis, n'oublions pas le plus importants des préceptes de Transmetropolitan. Il n'existe aucun problème qui ne puisse être résolu en forçant la source dudit problème à chier trois litres dans son pantalon. Certes, on n'a pas encore inventé l'agitateur d'intestins, mais comme dirait quelqu'un de censé : "quand on avale un laxatif cul sec, il ne le reste jamais très longtemps".
Transmetropolitan tome 1, Warren Ellis & Darick Robertson. Urban Comics, février 2014. 304 p. 22,50€,
Sur le site de l'éditeur
Ce comic book est une leçon à bien des niveaux. En ce qui me concerne, j'ai d'abord appris avec Transmetropolitan à ne jamais rater une occasion de fourrer mon nez dans une nouveauté BD, au risque de laisser passer une nouvelle occasion de m'extasier pendant des heures. Comme ma vie aurait été moins drôle sans Spider Jerusalem ! On apprend aussi à se méfier de tout et de tout le monde, tout ce qui nous entoure, vérolé par tant d'avarice et de méchanceté gratuite, d'individualisme et de connerie humaine. Et puis, n'oublions pas le plus importants des préceptes de Transmetropolitan. Il n'existe aucun problème qui ne puisse être résolu en forçant la source dudit problème à chier trois litres dans son pantalon. Certes, on n'a pas encore inventé l'agitateur d'intestins, mais comme dirait quelqu'un de censé : "quand on avale un laxatif cul sec, il ne le reste jamais très longtemps".
Transmetropolitan tome 1, Warren Ellis & Darick Robertson. Urban Comics, février 2014. 304 p. 22,50€,
Sur le site de l'éditeur