Que diriez-vous si aujourd’hui, on pétait un boulard ? Un bon gros pétage de câble comme on les aime, au moins aussi bons que ceux des mamies qui se mettent à hurler à propos du mariage gay en plein milieu de la file d’une boulangerie. Aussi cinglant et vénère que lorsque votre moutard décide de briser tout ce qui lui passe par la main, vos tympans aussi par la même occasion, se chiant dessus de rage si affinité. Inopiné comme doigt dans le cul sans dire bonjour. Parce que ça fait du bien, bordel, de laisser de côté de quelconques conventions sociales qui nous interdiraient de hurler « bite » en pleine rame de métro. Le laisser-aller, voilà ce qui nous manque aujourd’hui. Un craquage nerveux et ça repart. Bon, en fin de compte, n’allez pas croire que je vais aller jusqu’à chroniquer une aventure de Babar ou de Chica Vampiro, rien de bien différent de d’habitude sur ce blog. On a déjà parlé de drogue, ça ne vous changera pas, et on a déjà évoqué quelques BD érotiques, rien de nouveau non plus. On ne s’est simplement jamais lâchés pour parler de tout ça, de prostitution et de gamines en même temps, de baston en plus et d’ultra-violence pour le fun. Et si vous essayez de me dire qu’à ce train-là, heureusement qu’on ne cautionne pas ce genre de « laisser-aller » en société, je réponds non ! Enfin, si. Mais pas avec Ranx.
Ranx (ou Rank Xerox) est, comme son nom l’indique, un robot humanoïde créé à partir de pièces d’une photocopieuse. Il est la pire des racailles du 30e niveau de la ville, fréquente les endroits les plus mal famés, entre deux descentes d’amphètes, où il va devenir violent avec le premier type qu’il croise. Comme si ça ne suffisait pas, un coup sur la tête en guise de vengeance contraint son constructeur à devoir le réparer, mais celui-ci se fait tuer alors qu’il essayait de régler un bouton de sa carte-mère, ce qui bloque donc Ranx au maximum de son agressivité. La seule à l’attendrir, c’est sa petite amie Lubna, une fillette de douze ans, ancienne prostituée accro aux drogues dures se servant de lui comme d’un larbin voire d’un esclave sexuel. Lubna est dure et sacrément méchante, mais Ranx l’aime. Alors quand il arrive des choses horribles à la jeune fille ou qu’elle vient à disparaître, ça le met dans tous ses états. Une bête programmée pour tuer, lâchée en plein cœur d’une ville forgée dans le vice et la barbarie.
Commençons par une chose. Si jamais vous pensiez savoir ce qu’est la gratuité, mes pauvres, sachez que vous n’avez jamais lu que de l’album jeunesse en plastique pour le bain comparé à Ranx. Comment dire ? Là où certaines bandes dessinées cherchent un prétexte, même foutrement bancal, pour inclure de l’érotisme, de la baston, etc., Ranx s’en fout éperdument. On veut mettre un coup de poing à un bébé, ça sera sans raison dans cette case. Et si on mettait une scène de cul ? Ouais, allez. Mais pas trop, on a un personnage à flinguer sans aucun motif à la case suivante. Et c’est bien normal. Cette série date de l’époque de Metal Hurlant, de la révolution de la BD underground des années 1980, et le simple but était de choquer. Enfin, plutôt de réunir arbitrairement tout ce qu’il y avait de plus violent et d’interdit, plutôt. Du sexe sous drogue entre une gamine et un robot, on le faisait parce qu’on se devait de le faire. C’est toute la démarche qu’il y a derrière qui en fait une telle œuvre culte et subversive à la fois. C’est méchant et carrément insouciant. C’est un esprit, c’est libre. La liberté, c’est typiquement ce qu’incarne Ranx en flinguant un type au cinoche pour avoir sa place.
Commençons par une chose. Si jamais vous pensiez savoir ce qu’est la gratuité, mes pauvres, sachez que vous n’avez jamais lu que de l’album jeunesse en plastique pour le bain comparé à Ranx. Comment dire ? Là où certaines bandes dessinées cherchent un prétexte, même foutrement bancal, pour inclure de l’érotisme, de la baston, etc., Ranx s’en fout éperdument. On veut mettre un coup de poing à un bébé, ça sera sans raison dans cette case. Et si on mettait une scène de cul ? Ouais, allez. Mais pas trop, on a un personnage à flinguer sans aucun motif à la case suivante. Et c’est bien normal. Cette série date de l’époque de Metal Hurlant, de la révolution de la BD underground des années 1980, et le simple but était de choquer. Enfin, plutôt de réunir arbitrairement tout ce qu’il y avait de plus violent et d’interdit, plutôt. Du sexe sous drogue entre une gamine et un robot, on le faisait parce qu’on se devait de le faire. C’est toute la démarche qu’il y a derrière qui en fait une telle œuvre culte et subversive à la fois. C’est méchant et carrément insouciant. C’est un esprit, c’est libre. La liberté, c’est typiquement ce qu’incarne Ranx en flinguant un type au cinoche pour avoir sa place.
Du coup, ça en devient drôle. C’était sans doute le but, mais ça l’est encore plus. La violence gratuite agit comme un défouloir bien noir, et on rit des personnages complètement absurdes qui peuplent ce récit, comme le gangster fan d’Elvis se trimballant encore avec la tête de son siamois sur le cou, ou encore l’artiste télépathe et sa femme amatrice de bondage. Ah, et je vous laisse aussi savourer le moment où Ranx est la seule option pour sauver un spectacle de music-hall en hommage à Fred Astaire. Du génie.
Au final, Ranx n’est ni plus ni moins qu’un chef d’œuvre pour peu qu’on n’en oublie pas le contexte. Si particulière aussi parce que la gratuité absolue se trouve tellement contrebalancée par la relation étrangement fusionnelle et conflictuelle entre Ranx et Lubna qui donne toute sa consistance à l’album, toute son essence par-delà la simple surenchère de violence. Un fil rouge romantique, du genre amour vache. Et même si certains peuvent tiquer sur le style qui parfois date un peu, cette BD n’en reste pas moins sacrément badass et tordue au possible, tout ce que l’on réclame à tour de bras. Un défouloir et une œuvre d’art, c’est tellement beau ce que les années 1980 pouvaient nous offrir. Et non, Flash Gordon et Richard Gotainer, ça ne compte pas.
Ranx : Intégrale, Liberatore, Stefano Tamburini & Alain Chabat. Glénat, octobre 2014. 184 p, 29,50 €.
Sur le site de l’éditeur
Au final, Ranx n’est ni plus ni moins qu’un chef d’œuvre pour peu qu’on n’en oublie pas le contexte. Si particulière aussi parce que la gratuité absolue se trouve tellement contrebalancée par la relation étrangement fusionnelle et conflictuelle entre Ranx et Lubna qui donne toute sa consistance à l’album, toute son essence par-delà la simple surenchère de violence. Un fil rouge romantique, du genre amour vache. Et même si certains peuvent tiquer sur le style qui parfois date un peu, cette BD n’en reste pas moins sacrément badass et tordue au possible, tout ce que l’on réclame à tour de bras. Un défouloir et une œuvre d’art, c’est tellement beau ce que les années 1980 pouvaient nous offrir. Et non, Flash Gordon et Richard Gotainer, ça ne compte pas.
Ranx : Intégrale, Liberatore, Stefano Tamburini & Alain Chabat. Glénat, octobre 2014. 184 p, 29,50 €.
Sur le site de l’éditeur